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"Agathe Nazarenko vous emmène en voyage avec elle, dans ses dessins et ses écrits, impossibles à dissocier. D'une narration à une autre, l'artiste fait renaître les fantômes du passé, ceux connus comme Toulouse-Lautrec, et les autres, nos fantômes intérieurs.
Découvrez son travail dans cette interview et à la réouverture de la Time Corp Gallery !

Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Agathe Nazarenko, j’ai 25 ans et je suis illustratrice freelance, installée en région parisienne. Je travaille également en graphisme et en motion design, je joue de ces différentes approches, complémentaires.
Quel est ton parcours artistique ?
Avant de m’orienter vers l’illustration, j’ai passé trois ans aux Beaux-Arts de Paris. Quand je me suis rendu compte que ce n’était pas ma voie, j’ai choisi d’intégrer l’Ecole de Condé (Paris) en Illustration, où j’ai passé Bachelor et Master. J’y ai découvert le graphisme et l’animation qui font aussi partie de mon activité aujourd’hui.
En fait, avec du recul, ce choix de l’illustration était très naturel : j’ai toujours aimé raconter des histoires et j’ai grandi entourée de livres et de bandes dessinées, avec une grand-mère conteuse. C’était presque un retour aux origines !
Quels sont les médiums que tu privilégies et pourquoi ?
Je dessine beaucoup sur papier. Je mélange parfois dessin traditionnel et numérique, mais j’aime garder un rapport physique au dessin. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’utilise beaucoup l’encre de Chine, avec un pinceau ou à la plume. C’est un médium brut, immédiat et indélébile, qui conserve l’énergie et les erreurs du dessin et qui permet des jeux de lumière intéressants ! Cet amour de l’encre est peut-être aussi un héritage de ma culture bédéphile…
Pour la couleur, je travaille beaucoup au feutre : les couleurs fortes ressortent bien avec le noir de l’encre.
Quelles sont les thématiques que tu abordes dans ton travail ?
Mon travail se nourrit de mes passions. Entre autres, ma passion pour la musique, pour l’art, pour les légendes… J’ai réalisé par exemple plusieurs projets autour du rock, dont un clip en animation, et des récits inspirés par des expositions qui m'ont marquée.
De manière générale, je m’inspire d'œuvres et de personnages qui sont devenus des légendes à part entière, qui se sont installés dans l’imaginaire collectif. Ce sont des sources d’inspiration à la fois visuelle et conceptuelle.
Quelles sont tes références artistiques (plastiques, thématiques etc.) ?
J’aime beaucoup le trait d’Hugo Pratt et son art de la narration dans Corto Maltese. Je trouve aussi fascinantes les ambiances en noir et blanc de Thomas Ott dans Route 66.
D’un point de vue purement narratif, ce sont les histoires à la frontière entre réel et fantastique qui m'attirent le plus. Par exemple, j’admire la manière de raconter les histoires de Laurent Gaudé, notamment dans Pour seul cortège.
Que signifie pour toi le Cabinet de Curiosités ?
C'est un concept ancien, mais je trouve qu’il a évolué, qu’il s’est diversifié. C’est une collection des trésors de la nature. Des petites trouvailles qui, lorsqu’on les regarde de près, sont de vraies merveilles. Une plume de perruche, un œuf bleu brisé de geai, mais aussi une odeur ou un souvenir… En fait, pour moi, c’est la capacité de s’émerveiller des petites choses ou de l’instant.
Comment s’intitule l’œuvre mise en avant aujourd’hui et en quoi est-elle représentative de ton
travail ?

Ce que je présente ici est un de mes derniers projets, qui montre comment je travaille à partir d’une exposition. C’est une courte bande dessinée inspirée par l’exposition du Grand Palais sur Toulouse-Lautrec, ce grand peintre et affichiste de la fin du XIXème siècle. Je l'ai appelé Toulouse-Lautrec : la vérité, teintée de cognac et d’absinthe.
Visuellement, c’est un projet entre la bande dessinée et l’album illustré. Je réinterprète certains des tableaux et dessins présentés au Grand Palais, dans un récit qui évoque la fin de la vie de l’artiste et l’atmosphère de Montmartre au tournant du XXème siècle. Le texte est assez libre : mon but n’est pas de raconter la vie de Toulouse-Lautrec, mais d’évoquer l’univers singulier dans lequel il évoluait et d’interroger la perception qu’en avait l’artiste. Dans ce projet comme dans d’autres, j’aime laisser des questions ouvertes, suggérer ou intriguer, plutôt que d’essayer de donner toutes les réponses.
Que peut-on voir de ton travail à la Time Corp Gallery ?
J’ai choisi de montrer dans l’exposition permanente deux projets qui vont ensemble : un livre d’artiste intitulé Les fantômes et trois dessins originaux « Fissures », « Rouille » et « Courants d’air ».
J’ai travaillé sur des ambiances de maisons abandonnées, des pièces vides où tout semble immobile. Je voulais montrer la beauté de ces lieux désertés par les humains… Ce sont les objets qui racontent le temps qui passe. Le court récit qui est au centre des Fantômes parle de cette absence, de ce vide qui s’installe dans une maison, d’où le titre.
Quels sont tes futurs projets ?
En parallèle de mes projets de commande, j’aimerais travailler avec des journalistes, en illustration de reportage par exemple. Je travaille aussi sur des projets narratifs plus personnels, mais je n’en dis pas plus pour l’instant ! A suivre !"

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